Qu’est-ce que le financement mixte ?

Avant de définir le financement mixte, il est important de situer l’expression dans le paysage de l’aide au développement – c’est-à-dire de l’aide étrangère.

Définir l’aide publique au développement (APD) ou l’aide étrangère

Selon le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (le CAD de l’OCDE), « l’aide publique au développement (APD) est définie comme une aide gouvernementale qui favorise et vise expressément le développement économique et le bien-être des pays en développement.

L’APD est distribuée aux pays et territoires qui figurent à la liste du CAD des récipiendaires d’APD ainsi qu’à des institutions multilatérales de développement. Elle est :

  1. accordée par des organismes officiels, dont des gouvernements régionaux et locaux, ou encore par leurs organismes de direction; et
  2. de nature concessionnelle (c.-à-d. subventions et prêts à des conditions de faveur) et administrée avec dans l’objectif principal de faire la promotion du développement économique et du bien-être des pays en développement.

CE QUE L’APD N’EST PAS

  • Une aide militaire ou la promotion des intérêts en matière de sécurité des donateurs
  • Des transactions qui ont un objectif principalement commercial, par exemple des crédits à l’exportation »

Le déficit de financement du développement durable

Le programme d’aide internationale s’articule actuellement autour d’une série d’objectifs de développement durable (ODD). Ce sont 17 cibles adoptées par les États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2015 et devant être réalisées d’ici 2030. Il s’agit notamment d’éradiquer la pauvreté et la faim, de garantir l’accès à des services publics comme la santé, l’éducation et l’eau potable et de parvenir à l’égalité des sexes.

Il s’agit d’une entreprise colossale. Les Nations Unies estiment que le « déficit de financement » – c’est-à-dire les fonds encore nécessaires pour réaliser les ODD –, qui se chiffrait à 2,5 milliards de dollars américains par année avant le début de la pandémie, est passé à 4,2 milliards de dollars américains par année.

Les niveaux actuels d’APD sont loin de permettre de répondre aux besoins. Totalisant seulement 153 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale en 2019, les pays donateurs ont continué à manquer l’objectif qu’ils s’étaient fixé en 1970, à savoir consacrer 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’APD.

Au lieu d’augmenter les budgets d’APD pour atteindre l’engagement qu’ils avaient pris, les pays nordiques et les institutions multilatérales de développement ont proposé que l’APD, c’est-à-dire les fonds affectés à l’aide publique, soit utilisée pour attirer des capitaux du secteur privé à la recherche de profits afin de combler ce déficit de financement du développement durable, c’est-à-dire un « financement mixte ».

Le financement mixte entre en jeu

Selon ses promoteurs, « le financement mixte est l’utilisation stratégique du financement du développement [ou de l’APD] pour mobiliser des fonds supplémentaires en faveur du développement durable dans les pays en développement. »

Comme le suggère le réseau de financement mixte Convergence, dont le siège social est situé à Toronto, au Canada, « le financement mixte est une approche structurée » qui utilise « des capitaux catalytiques provenant de sources publiques ou philanthropiques pour accroître les investissements du secteur privé dans le développement durable ».

Le problème est que le financement mixte ne parvient pas toujours à offrir une aide efficace. Il ne parvient certainement pas à réunir les fonds promis. Cependant, de manière plus centrale, sur le peu d’argent qui est amassé, la quasi-totalité est dirigée vers des pays à revenu intermédiaire et des projets pouvant s’avérer rentables pour les investisseurs avec moins de risques plutôt que vers les projets et programmes dans les pays les moins développés en ayant le plus besoin. De plus, comme c’est le cas avec d’autres formes de privatisation, il est prouvé que le financement privé de projets internationaux finit par coûter plus cher que le financement public. Le financement privé ajoute également des niveaux de complexité, entraînant non seulement des coûts administratifs plus élevés, mais aussi moins de transparence et de reddition de comptes.

Lisez pour en savoir plus sur les coûts élevés et les problèmes liés au financement mixte.